Stupéfaction ! Un an et demi après avoir créé son business en ligne, ma « collègue d’entrepreneuriat » abandonne son entreprise de coaching en développement personnel sur le web. J’étais sous le choc. D’autant que nous avions fait nos premiers pas de créatrices de contenu ensemble, notamment sur YouTube et Instagram.

Et elle est loin d’être la seule. Après 5 ans d’existence, selon une statistique de l’INSEE parue en 2019, seule 36 % des auto-entreprises (devenues micro-entreprises depuis 2014) tous secteurs confondus sont toujours actives. Je n’ai pas de chiffres précis pour les web entrepreneurs mais je suppose qu’ils sont encore moins nombreux. On oublie la vie rêvée sans patron, faite de voyage et de revenus passifs.

Alors, pourquoi les web entrepreneurs abandonnent-ils leur business si rapidement ?

Lancer un business en ligne sans argent

Pour moi, le premier facteur d’échec quand on souhaite devenir coach ou formateur sur le web est de ne pas avoir de plan pour se financer. Tout d’abord, personne ne sait le temps qu’il faudra à un créateur de contenu digital pour obtenir au moins le SMIC : 6 mois, un an, deux ans ? Plus ? Difficile de le savoir à l’avance.

Pour ma part, j’avais pas mal d’argent de côté. Mais si c’était à refaire, je ne pense pas que je me mettrais tout de suite à plein temps sur mon business. Je choisirais un job à temps partiel afin de me laisser le temps de développer mon entreprise sans crever la dalle (pas si facile à trouver).

D’un autre côté, il est vrai qu’avoir tout son temps pour lancer son business aide à avancer plus rapidement. On a la possibilité de réfléchir en profondeur à sa stratégie et à l’implémenter plus rapidement que si notre esprit était occupé par un autre travail. Mais au-delà du manque d’argent, c’est surtout un problème de charge mentale. Les entrepreneurs qui ne savent pas quand ils auront des revenus vivent dans l’angoisse. Ce qui les empêche aussi de développer leur plein potentiel dans leur business.

Progresser dans son entreprise avec la bonne info

Construire son business avec du contenu gratuit

A nos débuts dans l’entrepreneuriat, on s’est tous jetés sur les contenus gratuits : vidéos, podcasts, masterclass et autres ebooks sans pour autant mesurer à quel point ces sources d’information sont contre-productives pour le développement de notre entreprise. Je m’explique.

Ces contenus nous informent superficiellement mais, passé la centaine, voire probablement le millier dans mon cas, ils en deviennent écoeurants, comme pour le chocolat 😆.

Il faut rappeler quand même que la plupart des créateurs de contenu proposent du gratuit pour vendre du payant. Ils diluent l’important et le détail sans hiérarchie et surtout sans ordre chronologique pour donner l’impression à leur prospect qu’il leur faut « la méthode complète » pour réussir. Ce n’est pas une critique de ma part. Je suis consciente qu’il faut proposer un contenu attirant pour faire venir les clients. Cependant, croire que l’on va monter un business en ligne seulement avec quelques fragments d’information est selon moi une illusion.

Entrepreneur sérieux = formation sérieuse

Je pense que pour être un entrepreneur professionnel, il faut se former de manière professionnelle. Je ne conseille pas les cursus institutionnelles, plutôt des formations en ligne assez poussées ou des coaching business sur plusieurs mois. Les formations courtes ne permettent pas, selon moi, de bâtir de bonnes fondations pour un business. Comme pour les vidéos gratuites sur YouTube, elle fournissent un contenu morcelé, pas assez structuré. A réserver pour un élément en particulier, une compétence technique par exemple.

Pas de stratégie = pas de business rentable

L’entrepreneuriat a ses propres règles

L’entrepreneuse citée en début d’article et moi-même avons vécu à peu près la même situation. Nous n’avions pas compris les règles de l’entrepreneuriat.

Etre entrepreneur, sur le web et ailleurs, ce n’est pas simplement faire ce que l’on veut toute la journée. Contrairement à l’image que les infopreneurs nous vendent en permanence sur YouTube et Instagram, être entrepreneur sur le web ce n’est pas simplement faire ce que l’on veut toute la journée. Ce n’est pas seulement être libre de son temps. Ce n’est pas juste écrire/tourner les contenus qui nous plaisent. Il est nécessaire de réfléchir à ce qui marche chez les concurrents de notre thématique, en France ou aux États-Unis… La forme compte beaucoup aussi. Par exemple, j’ai mis longtemps à m’intéresser aux vidéos courtes. Je pensais que les Reels et Tiktok n’avaient aucun intérêt. Je trouvais le contenu trop court, pas assez intéressant pour apporter de la valeur.

La consommation VS la création de contenu

Mais il faut bien comprendre que nos jugements de consommateurs doivent être dissociés de notre stratégie de créateur de contenu. Il est plus intéressant de voir objectivement quelles sont les plateformes les plus populaires pour poster. Les stratégies de nos concurrents, même dans des thématiques différentes, peuvent nous donner quelques indications sur les formats de contenu à adopter. Evidemment, il est important de tirer parti nos points forts. Si on est doué pour l’écriture, on est avantagé pour écrire des articles de blog, par exemple, ou des emails.

Fermer les yeux sur la stratégie au profit de l’intuition est une grossière erreur quand on veut faire prospérer son entreprise. Ou alors, notre business est traité comme un hobbie.

Ne pas travailler assez

Déjà en manque de motivation ?

Contrairement à ce que l’on imagine, il ne suffit pas d’être son propre patron pour se motiver à travailler. Deuxièmement, rester chez soi, sans entourage professionnel, ne motive pas tellement non plus à s’y mettre. Nos amis salariés en télétravail en ont eux-aussi fait l’expérience. Pour ma part, je sais que changer de lieu de travail stimule bien ma concentration. Je conseille aux entrepreneurs en manque de motivation de de tester plusieurs environnement pour bosser : la maison, la bibliothèque, les cafés, les espaces de co-working.
Au début, ce n’est pas l’enthousiasme qui nous manque. On travaille des dizaines d’heures sur ses articles, ses vidéos, son site web… On abat un boulot monstre. Tout parait simple et évident.

Puis, « la liberté de travailler quand on veut » devient « la liberté de ne rien faire ». Comme on a pas de contrainte, on publie moins de contenu. D’autres centres d’intérêts viennent grignoter notre temps. On se couche de plus en plus tard. On en se rend plus vraiment compte des semaines qui passent. Il nous manque un cadre, celui du salariat, des études. Personne ne nous a jamais appris à travailler de façon autonome, un peu tous les jours.

L’entourage qui ne comprend pas

Je suppose que toi aussi, ton entourage est constitué en majorité de salariés. Dès qu’ils comprennent que tu travailles pour toi, ils ont vite tendance à considérer que tu es à leur disposition, que tu as le temps de « travailler plus tard ». Ils t’invitent à décaler tes plages de travail pour leur rendre des services divers et variés. Ils ne se demandent jamais à quel moment tu vas travailler pour gagner ta vie, même s’ils soutiennent ton projet à l’origine.

Se prioriser

Le truc le plus important à comprendre est que tu dois prioriser ton travail sur tout ! Il est nécessaire, pour la bonne progression de ton business, de te fixer des créneaux pour travailler dans ta journée et dans ta semaine ET DE LES RESPECTER. Tu n’es pas obligé de travailler forcément le matin très tôt comme le conseillent la plupart des entrepreneurs. Je te propose de te concocter un programme de travail qui respecte tes besoins humains (émotions, envies, rythme biologique) dans ma formation « le Planning Magique ».

Le mythe de la semaine de 4h

Pour les business en ligne qui débutent, le lifestyle « la semaine de 4 heures » est un leurre. Les entrepreneurs qui travaillent moins de 15h par semaine réussissent parce qu’ils se font aider dans leur entreprise. Ils ont des content managers, des designers, des monteurs vidéos etc. Quand tu dois tout faire toi-même, de la conception à l’exécution, il faut prévoir bien plus de 35h par semaine pendant les premières années.

Il est quasi impossible de réussir son premier business

Il me semble assez improbable de réussir son premier business, à moins de copier à la lettre un modèle existant : même thématique, même stratégie de contenu… Ca donne quelques éléments de réponse à la question « pourquoi tant d’entrepreneurs font la même chose ? ». Je suis mauvaise langue.

Trouver la bonne thématique

Tout d’abord, il faut trouver notre thématique : ce de quoi on ne se lasse pas de parler, ce dans quoi on est un expert… Comme beaucoup d’entrepreneurs qui se lancent, j’ai choisi ma première thématique en fonction de mes études. J’aidais les étudiants en art à réussir le concours des beaux arts puis à progresser dans leurs études. Mais j’ai rapidement compris que je ne pourrais pas continuer sur cette thématique sur le long terme. Même si j’avais une bonne expertise sur le sujet (master 2), les arts n’étaient plus au coeur de mes préoccupations actuelles. De plus, je me sentais de moins en moins légitime à parler d’un concours que j’avais passé il y a 10 ans. Il est donc important de choisir une thématique qui corresponde surtout à nos centres d’intérêt actuels. Autrement la création de contenu risque d’être ennuyeuse sur le long terme.

Devenir un expert en web marketing

Au-delà de notre expertise dans une thématique donnée, un bon entrepreneur se doit d’apprendre le marketing pour réussir son business en ligne. J’ai compris avec ma propre expérience qu’il fallait un certain nombre d’essais-erreurs dans la progression de son entreprise et accepter de pivoter si besoin (le moins possible). On ne peut pas tout savoir dès le début.

  • Identifier un positionnement précis « j’aide les x à faire y »
  • Trouver son propre ton : corporate, amical, subversif
  • Connaitre son client idéal, ses besoins
  • Savoir dans quel contenu on est bon (pas juste ce qui est à la mode)
  • Adopter un marketing qui nous correspond : lancements, emailing, promotions…
  • Définir son branding, les valeurs de sa marque etc. etc.

Les compétences en marketing prennent du temps à acquérir, surtout si vous venez d’un univers scolaire radicalement opposé à celui des écoles de commerce comme c’était mon cas. Trouver le besoin précis d’une audience cible, ça se travaille sur les mois, voire les années de ses débuts d’entrepreneur.

Pour conclure…

Je dirais que beaucoup d’entrepreneurs abandonnent leur business car il ne rapporte pas assez, pas assez vite. Peut-être qu’ils se font trop d’illusion sur leur nouvelle situation, peut-être aussi qu’on leur vend un mode de vie idéalisé. En tous cas, mon premier conseil, si tu débutes dans le business en ligne, est de ne pas abandonner ton gagne-pain ou tes études avant d’être sûr d’avoir un revenu régulier dans ton entreprise.

Je pense aussi que le plaisir que tu prends à te former dans ta thématique, dans le marketing, dans la création de contenu est un bon indicateur. Combien de temps ferais-tu ce travail si tu n’étais pas payé ? Ceux qui réussissent ne sont pas forcément les plus doués – il faut un minimum, on s’entend – mais les plus persévérants. Comme disait mon ancien coach, « c’est toi qui gâche tes chances de réussite quand tu décides d’abandonner ». Seuls les plus tenaces auront le dernier mot. Garde cela en tête !